A. de Closset
Avocat, analyses des fables – La Génisse, la Chèvre, et la Brebis…
La Génisse, la Chèvre, et la Brebis en société avec le Lion de La Fontaine.
Phèdre, liv. I, F. 5.
Voila certainement une mauvaise Fable que La Fontaine a mise en vers d’après Phèdre. L’association de ces quatre personnages est absurde et contre nature. Quel besoin le lion a-t-il d’eux pour chasser? Ils sont eux-mêmes le gibier qu’il cherche. Si Phèdre a voulu, faire voir qu’une association avec plus fort que soi est souvent dangereuse, il y avait une grande quantité d’images et d’allégories qui auraient rendu cette vérité sensible. Voyez la Fable du Pot de terre et du Pot de fer. (Ch.)
« Le commentateur pouvait ajouter, observe M. Clément, que la nourriture des trois herbivores n’étant pas celle du Lion, ils ne perdaient rien à ne point partager avec lui le cerf qu’ils avoient pris. Une as- sociation d’animaux carnivores eût été plus naturelle (1). Mais Chamfort, en relevant cette faute, aurait dû remarquer aussi que le discours du Lion est excellent dans La Fontaine, et qu’il est très-commun, dans la Fable de Phèdre. (Journal Littéraire, n°.35.)
(1) Cette remarque appartient originairement à La Motte : Discours préliminaire sur ta Fable Leasing l’a reproduite dans quatrième dissertation sur ce genre de littérature. Desbillons la rappelle dans la préface de ses Fables, mais pour en prendre occasion de la réfuter, eu disant qu’il ne faut pas examiner avec tant de sévérité un poème quelconque, et que tout est excuse par le plaisir ou l’utilité qu’il procure.
(Analyse : La Génisse, la Chèvre, et la Brebis en société avec le Lion de La Fontaine par A. de Closset – 1867)