Un Renard pressé de la faim, entra un jour dans une Grange par une ouverture fort étroite. Après avoir mangé tout son soûl, il voulut sortir par la même ouverture ; mais tous ses efforts furent inutiles, parce que la grosseur de son ventre l’en empêchait. La Belette qui l’aperçut de loin, et qui connut son embarras, accourut pour lui donner conseil, et pour le secourir. Après avoir examiné l’état où il se trouvait, elle lui dit qu’il devait attendre, pour sortir de la grange, qu’il fût aussi décharné et aussi maigre qu’il était avant que d’y entrer.
Autre version
” Le Renard au ventre gonflé “ – Un renard affamé, ayant aperçu dans le creux d’un chêne des morceaux de pain et de viande que des bergers y avaient laissés, y pénétra et les mangea. Mais son ventre s’étant gonflé, il ne put sortir et se mit à gémir et à se lamenter. Un autre renard, qui passait par là, entendit ses plaintes et s’approchant lui en demanda la cause. Quand il sut ce qui était arrivé : « Eh bien ! dit-il, reste ici jusqu’à ce que tu redeviennes tel que tu étais en y entrant, et alors tu en sortiras facilement. »
[quote style=”1″]Cette fable montre que le temps résout les difficultés.[/quote]
Ἀλώπηξ ἐξογκωθεῖσα τὴν γαστέρα
Ἀλώπηξ λιμώττουσα, ὥς ἐθεάσατο ἔν τινι δρυὸς κοιλώματι ἄρτους καὶ κρέα ὑπό τινων ποιμένων καταλελειμμένα, ταῦτα εἰσελθοῦσα κατέφαγεν. Ἐξογκωθεῖσα δὲ τὴν γαστέρα, ἐπειδὴ οὐκ ἠδύνατο ἐξελθεῖν, ἐστέναζε καὶ ὠδύρετο. Ἑτέρα δὲ ἀλώπηξ τῇδε παριοῦσα, ὡς ἤκουσεν αὐτῆς τὸν στεναγμόν, προσελθοῦσα ἐπυνθάνετο τὴν αἰτίαν. Μαθοῦσα δὲ τὰ γεγενημένα ἔφη πρὸς αὐτήν· “Ἀλλὰ μένε τέως σὺ ἐνταῦθα, ἕως ἂν τοιαύτη γένῃ ὁποία οὖσα εἰσῆλθες, καὶ οὕτω ῥᾳδίως ἐξελεύσῃ.”
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Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Un Loup et un Renard
Un Loup et un Renard qui s’accordaient assez bien, firent société. Nos deux amis se promenant côte à côte, passèrent auprès d’un jardin enclos d’une haie d’épines et dont la porte était fermée. Ils en examinèrent si attentivement les dehors qu’ils parvinrent à découvrir un trou. Le Renard le trouva très-grand pour son mince individu , et s’y glissa facilement ; le Loup y entra y mais non sans quelques meurtrissures. Là s’offrirent des raisins de toutes espèces et des fruits de toutes couleurs. Le Renard madré mesurait son appétit sur la grandeur du trou et s’observait de manière à être toujours en état de sortir» Le Loup , vorace et insoucieux , mangeait de toutes ses forces. Tout à coup le Jardinier aperçoit nos larrons , et vole vers eux le bâton à la main. Le Renard à la taille effilée , s’esquive lestement par le trou ; mais le Loup est arrêté par son large ventre. Le Jardinier l’atteint avec son bâton , et le frappe si fort que le pauvre animal, demi-mort ne se sauva par le trou qu’en laissant quelques fragment de ses poils et de sa peau.
Ne te tourmente point, O mon ami ! pour avoir de l’or ; car un jour il faudrait que tu deviennes pauvre. Après t’être engraissé de dons et de bienfaits, pourras-tu sortir de ce défilé ? Pour moi je ne sais comment , avec cette corpulence , tu feras pour entrer par la porte de la mort.
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Djami, Le Baharistan, Perse – ( 1414 – 1492 ,)
La Belette
Il advint d’aventure un jour qu’une belette.
De faim, de pauvreté, gresle, maigre et défaite,
Passa par un pertuis dans un grenier à blé,
Ou sur un grand monceau de froment assemblé,
Dont gloute elle mangea par si grande abondance,
Que comme un gros tambour s’enfla sa grosse pance.
Mais voulant repasser par le pertuis étroit,
Trop pleine elle fut prise en ce petit détroit.
Un compère le rat, lors lui dit : O commère,
Si tu veux ressortir, un long jeûne il faut faire;
Autrement par le trou tu ne repasseras,
Puis au danger des coups tu nous demeureras.
- Jean Vauquelin de la Fresnay – (1526-1606)
La Belette entrée dans un Grenier
Damoiselle Belette, au corps long et flouet,
Entra dans un grenier par un trou fort étret :
Elle sortait de maladie.
Là, vivant à discrétion,
La galante fit chère lie ,
Mangea, rongea: Dieu sait la vie,
Et le lard qui périt en cette occasion!
La voilà, pour conclusion,
Grasse, maflue et rebondie.
Au bout de la semaine, ayant dîné son soûl,
Elle entend quelque bruit, veut sortir par le trou,
Ne peut plus repasser, et croit s’être méprise.
Après avoir fait quelques tours,
«C’est, dit-elle, l’endroit: me voilà bien surprise;
J’ai passé par ici depuis cinq ou six jours.»
Un rat, qui la voyait en peine,
Lui dit:« Vous aviez lors la panse un peu moins pleine.
Vous êtes maigre entrée, il faut maigre sortir.
Ce que je vous dis là, l’on le dit à bien d’autres.
Mais ne confondons point, par trop approfondir,
Leurs affaires avec les vôtres. »
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)
Le Rat dans le Grenier
Par un trou fort étroit, dans un grenier à grain
Un Rat maigre se glisse et remplit sa bedaine.
Bien rond il veut sortir, mais, hélas ! c’est en vain.
Que faire ? — Il faut maigrir, tu sortiras sans peine.
- Alexandre Coupé de Saint-Donat- 1775-1845