” Orgueilleuse, lui dit alors le Boeuf, ton sort te semble-t-il maintenant si digne d’envie ? il est vrai que je viens de souhaiter d’être à ta place ; mais confesse à ton tour, que tu voudrais bien te voir à présent à la mienne. “
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Le Bœuf et La Vache
Un Bœuf transpirait à tirer une charrue
Sur un terrain fort pierreux ;
En riait une Vache ventrue.
« Mon pauvre malheureux,
Lui cria-t-elle, je ne doute point
– Je le vois –
Que par jour, en tout point,
Tu me jalouses plus d’une centaine de fois.
Avoue que tu aimerais que l’on te prodigue
Les mêmes soins que moi
Sans que cela te coûte autant en fatigue. »
Comme elle parlait, le Bœuf restant coi,
La Vache ne vit pas le sacrificateur
Qui la mènerait sur l’autel
Du temple pour l’immoler à son Créateur.
« Orgueilleuse bête de cheptel,
Lui dit le Bœuf, où est ta vie si enviable ?
S’il est indéniable
Qu’un instant j’ai souhaité être à ta place ;
Quand je vois ce que l’on fait de ta race,
Que pour toutes sortes de Dieux
On lui donne une inutile mort,
Qui maintenant du sort
De l’autre est plus qu’envieux ?
Confesse à ton tour que tu voudrais bien
Partager le mien
Plutôt que d’être dépecée pour un festin ! »
D’autrui, ne te moques point du destin
Car pire peut toujours devenir le tien !
- David Claude ( fabuliste contemporain)
“Du Boeuf et de la Vache “