Esther Sezzi
Poète et fabuliste XIXº
Madame Esther Sezzi – 18.. Écrivain. – Membre correspondant de l’Académie d’Orléans et membre de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen.
FABLES :
…Madame Esther Sezzi a consacré deux soirées à notre instruction. C’est une aimable personne, moins jalouse d’indépendance que Mme Maria Deraismes, mais qui voudrait cependant voir s’améliorer le sort des femmes, et qui plaide en leur faveur avec beaucoup de grâce, sinon toujours avec d’invincibles raisons. Sa première conférence avait pour sujet la mode. Inutile de vous retracer cette familière et spirituelle causerie : Paris l’a entendue en 1865, et vous la trouverez imprimée dans le second volume de la revue des Cours littéraires.
Au second entretien, Mme Sezzi nous a fait connaître ses idées sur le mariage. Quels agréments n’a-t-elle pas déployés, quelles élégantes broderies n’a-t-elle pas jetées autour de cette complexe et formidable question ! Ah ! pourquoi les théologiens n’ont-ils pas cette légèreté ? Ce n’est pas que les principes de Mme Sezzi soient toujours faciles à saisir, qu’elle ait une méthode philosophique irréprochable , et qu’il y ait un ordre très- rigoureux dans la distribution de ses raisonnements. Mais elle a des mots, des métaphores et des historiettes dont on ne peut méconnaître le charme instructif et vainqueur. La cause principale, à ses yeux, des calamités qui affligent la famille, c’est que l’intelligence féminine n’est pas assez cultivée. — La société, dit-elle, fait de nos jeunes filles des chrysalides ; il est tout naturel que, devenues femmes, elles ressemblent à des papillons. Qu’on leur donne une instruction plus sérieuse, plus étendue ; elles ne se laisseront pas prendre aux scintillations d’un bijou, et la paix rentrera dans les ménages. — La réflexion ne manque pas précisément de justesse; mais il y a longtemps qu’elle court inutilement le monde, et Mme Esther Sezzi n’a peut-être pas sondé assez avant la plaie dont gémit son généreux cœur. Nous lui désignerons, quand elle voudra, le médecin qui en a mesuré toute la profondeur, et qui sait aussi à l’aide de quels remèdes le mal peut être combattu. Là dessus, cher lecteur, je jette mon tuyau de plume à la brise de juin, et je vous laisse écouter sous les rameaux fauvettes et pinsons. …
- Albert Lemarchand. 31 mai 1869. Dans la Revue d’Anjou. Publié par Impr.- librairie G. Grassin, 1868.