Commentaires et analyses sur La Besace de MNS Guillon – 1803.
(1) L’expression simple, la mesure lente, le rythme harmonieux de ces premiers vers, rendent le début noble et tel qu’il convenoit à la majesté du plus puissant des Dieux, du fabricateur souverain.
(2) Et pour cause. Un fabuliste anglois, M. Merrick, a expliqué cette cause par une fable ou allégorie, dans le style des Métamorphoses d’Ovide a Jupiter avoit changé en Singes une race d’hommes indignes de ce nom ; touchés de repentir, les coupables prièrent le dieu de leur rendre les traits de l’homme et l’usage de leur raison; Jupiter ne voulut leur accorder qu’une partie de leur prière ; il leur refusa la raison , mais leur donna le premier rang après l’homme.» On sait que J. J. Rousseau hésite de prononcer si l’Orang-Outang n’est pas un homme.
(3) Cette scène est animée par une gaîté de style également éloignée de la recherche et de la satyre. Que d’esprit dans ces rapprochements dame Baleine, dame Fourmi? Ne diroit-on pas que ce sont des animaux de même espèce ; mais il est si facile à l’orgueil de franchir l’intervalle !
(4) Lynx envers nos pareils, et Taupes envers nous. Un de ces Vers en quelque sorte d’inspiration, que l’éclat de l’opposition dans les mots qu’ils présentent, et mieux encore,1a force du sens, gravent à jamais dans la mémoire.
(5) On se voit d’un autre œil qu’on ne voit son prochain, Voilà encore de ces vers qui ont mérité de devenir proverbes.
(6) Antoine Vitallis, après avoir donné pour épigraphe à sa jolie fable de la Vipère et du Scorpion, ce vers de La Fontaine :
On se voit d’un autre œil qu’on ne voit son prochain ,
termine par ces vers, où l’on retrouve jusqu’aux expressions de notre fabulistes
Pauvres besaciers que nous sommes , N’avons-nous pas chacun notre poison ?
( Liv. IV. fable 5 ). .
Cet excellent apologue a fait le tour du globe. Le germe s’en trouve bien dans Esope et dans Phèdre; La Fontaine doit au premier l’idée principale, et la moralité à l’autre. C’est à lui qu’appartient le Commentaire si philosophique où le jeu de l’amour-propre est développé avec tant de sagacité. Avien ne lui a fourni que la scène du Singe. M. Aubert a emprunté de notre poète l’esprit et quelques détails de sa jolie fable le Bouc , l’Ane, le Renard et le Taureau ;
Le Bouc vanta sa barbe, et l’ Ane ses oreilles ; Au dire de chacun il s’en falloit beaucoup Que l’autre eût sur lui l’avantage.
Le Renard à son tour :
Regardez cette queue, et dites , je vous prie, etc. D’où il conclut :
Tout homme met autrui fort au-dessous de soi. Peut-être est-ce cette même fable qui a produit l’idée ,du bel apologue de M. Gellert, le Pays des Boiteux, raconté , en vers français par Rivery et par Richaud Martelli. (Fable La Besace analysée).