Marie-Nicolas-Silvestre Guillon
Théologien, prêtre – Analyses – La Colombe et la Fourmi
La Colombe et la Fourmi analyse de MNS Guillon – 1803

(1) Une Fourmis y tombe. Le mot Fourmi ne prend l’s qu’au pluriel. Les lexicographes n’ont point remarqué cette innovation de La Fontaine.
(2) Et dans cet océan. Toute grandeur est relative. Le simple ruisseau est toujours bien vaste quand on s’y noie : il est alors l’océan tout entier, comme la planche qui sauve du naufrage est un promontoire. Ces images ennoblissent les acteurs, et rehaussent le lieu de la scène.
(3) Usa de charité.
La Colombe est tendre, et partant généreuse, a dit M. l’abbé Aubert, Liv. IV. f. 1.
(4) Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire. Florian pensait sans doute à ces jolis vers, lorsque dans sa fable du Lapin et de la Sarcelle, il écrivait :
La Sarcelle le quitte, Et revient traînant un vieux nid Laissé par des Canards. Elle l’emplit bien vite De feuilles de roseaux ; les presse, les unit Des pieds, du bec, en fait un batelet capable De supporter un lourd fardeau. Puis elle attache à ce vaisseau Un brin de jonc qui sert de cable.
(5) Passe un certain croquant. Terme de mépris, un misérable , un homme de néant. Dans le Rolland travesti (Paris, 1650), ou lit :
Les grands coups orbes et piquants Que se tirent ces deux croquants. ( Ch. I. ) Ce mot a passé dans le style familier ; il vient du nom de croquant, donné à quelques malheureux paysans de la Guyenne, révoltés sous Louis XIII.
(6) Le vilain retourne la tête. Mot ancien qui signifie un paysan. De villa, maison de campagne, a été formé villanus, villain. D’autres transportent bien plus loin l’étymologie de ce mot.