Jean Baptiste François Ernest Chatelain
A Matrone de certain âge
Minet faisait la patte de velours ;
Notez qu’elle dînait, et que de son potage,
Avec le dit Minet, devenu ses amours,
La Dame établissait partage.
” Ce chat,” se disait-elle, ” a l’air honnête et doux,
Et puisqu il se complaît en notre compagnie,
Je prétends qu’il reste chez nous,
Sans plus nous quitter de la vie. ”
Ce dernier mot n’était pas achevé,
Que déjà sur le toit Minet s’était sauvé.
” Pourquoi, me quittes-tu ?” lui dit-elle en colère.
” Pourquoi ! belle demande ! . . . Avec toi qu’ai-je à faire
La vieille ! . . . n’as-tu pas
Achevé ton repas ? . . .”
” Si vraiment ! “—” Eh bien ! donc j’agis avec sagesse,
Plus de présents, plus de caresse ! ”
Riche, songes-y bien, dans tes vastes salons,
Lorsque la foule t’environne,
Elle aime avec fureur ton éclat et tes dons,
Mais bien souvent aussi méprise ta personne.
Deviens pauvre. … Et soudain c’est à qui t’abandonne !
“La Matrone et son Chat”