Un jour messire Aliboron
(D’Asinus ce jour-là c’était, je crois, la fête)
Ayant en son honneur brouté trop de chardon,
Avait assez mauvaise tête.
C’est pourtant d’habitude une excellente bête.
Comme il retournait au logis,
Il aperçut dans un taillis
Sanglier l’irascible. En son humeur joyeuse,
Bien loin d’en éviter la rencontre fâcheuse,
Voilà maître baudet le daubant de son mieux.
Le citoyen des bois est d’abord furieux
Contre le sot qui lui cherche chicane.
Mais, calmant bientôt son transport :
« Ce que sur moi, dit-il, peut débiter un âne
Ne me fera jamais grand tort. »
“L’Âne et le Sanglier”