“L’Archer et le Lion” – Un habile archer monta dans la montagne pour y chasser. Tous les animaux s’enfuirent ; seul, le lion le provoqua au combat. L’homme lui lança un trait et l’ayant atteint, lui dit : « Vois quel est mon messager, après quoi j’irai à toi moi aussi. » Le lion blessé se mit à fuir. Cependant un renard lui cria d’avoir confiance et de ne pas fuir. Le lion lui répondit: « Tu ne m’en imposeras pas; s’il a un messager si amer, quand il viendra lui-même, que ferai-je ? »
C’est au début qu’il faut examiner la fin et dès lors assurer son salut.
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
L’Archer et le Lion
Un homme alla dans une forêt pour y chasser. C’était un archer habile. A son approche, tous les animaux fuyaient, et leur fuite était pleine de terreur. Mais le lion, confiant dans sa force, le provoqua à se battre avec lui. « Attends, dit-il, ne te bâte point. » L’homme répondit : « Avant d’espérer la victoire, reçois d’abord mon messager, et tu apprendras de lui ce que tu dois faire. » Aussitôt il lui lance un trait à courte distance, et le fer s’enfonça dans les flancs humides de l’animal. Le lion, effrayé cette fois, précipite sa fuite dans les forêts désertes. Non loin de lui était un renard. Comme il lui conseillait de raffermir son courage et d’attendre : «Tu ne m’y prendras pas, dit le lion; c’est un piège trop grossier. Quand le messager qu’il envoie est «si terrible, je devine aisément ce qu’il doit être lui-même, »
- Babrius, Babrias (IIe. ou IIIe. siècle)
- Fable traduite par A. L. Boyer (fables de Babrius 1844)
L’Archer et le Lion
L’homme s’en vint chasser sur la montagne.
Habile Archer, il sème au loin la peur:
Les animaux, pleins de terreur.
D’une course effarée ont fui dans la campagne.
Le Lion seul provoque une rencontre : « Attends,
« Dit-il, pas tant d’ardeur ». L’homme alors : « ton courage
T’abuse ; crois-m’en bien, ou crois-en ce message ».
Et de près il lui darde un de ses traits aux flancs
Qui pénètre à travers la peau souple et flexible,
Jusqu’au tissu le plus sensible.
Le Lion fuit; il va cacher dans les forêts
Sa crainte et sa douleur. Là (jamais d’aussi près
Il n’avait conseillé), le Renard veut qu’il pense
A tenir bon, à faire résistance.
Matois, dit le Lion, tu ne m’y prendras pas :
Par son redoutable émissaire
Je n’ai que trop appris, hélas !
Combien rude est cet adversaire. »
- Babrius, Babrias (IIe. ou IIIe. siècle)
- Fable traduite par P. Jonain (fables de Babrius 1845)