« J’ai failli marcher dans la boue ! »
Disait une fois un dindon,
Qui, se croyant un Cupidon,
Se gonflait et faisait la roue.
« De ce domaine, je suis roi ;
» Mes dindes n’admirent que moi,
» Il faut que le propriétaire,
» Sans nul délai me fasse faire
» Un dallage en marbre blanc,
» Qui reflète mon plumage.
» C’est évidemment dommage,
» De voir oiseau de mon rang
» Se salir dans la poussière,
» Où rampent des vers de terre.
» Ah ! vraiment, je ne comprends pas,
» Que l’auteur de toutes choses,
» Qui fit les dindons, les roses,
» Ait mis ces êtres sous mes pas. »
— « Idiot ; dit le ver de terre,
» Pendant que vous faites les beaux,
» Nous autres creusons les canaux
» Qui fertilisent le parterre.
» Les eaux du ciel, sans eux,
» N’iraient point aux racines
» De l’arbre aux fruits savoureux.
» N’insulte pas les lois divines !
» Contente-toi d’être un sot,
» Pauvre dindon ; faut-il qu’on te le dise ;
» Orgueil toujours est doublé de bêtise. »
Beaux dandys, c’est votre lot.
“Le Dindon et le Ver de terre”