Joseph Barthélemy de Feraudy
Pour nous dire une vérité,
Quelle est donc la nécessité
De faire tant de verbiage ?
Ne serait-il pas plus sage
D’enrayer sur tous ces propos,
Et de la dire en quatre mots ?
Ainsi parlait un moraliste,
Qui voulait que le fabuliste,
En allant tout de suite au but,
Perdît son plus bel attribut.
Je puis, dit celui-ci, sans peine
Et sans trop longtemps disputer,
Fort aisément vous réfuter,
En m’appuyant de La Fontaine :
Une morale nue apporte de l’ennui ;
Le conte fait passer le précepte avec lui.
Oui, le conte nous amuse,
Et le trop de brièveté,
Bien loin d’être une qualité,
N’est tout au plus qu’une excuse,
Pour qui n’a pas le talent
De conter en moralisant.
Dans son agréable domaine
Laissons la fable en liberté,
Et par singularité
Ne la mettons pas à la gêne.
Suivons l’exemple et la leçon
De ce favori d’Apollon,
Dont la muse docte et facile
Sut si bien réunir l’agréable à l’utile.
Joseph Barthélemy de Feraudy