On a devant Lucile exposé des écrins,
Magique aimant pour les coquets instincts,
Pour les yeux d’une femme.
La curiosité, ce papillon de l’âme,
Lui fait rêver déjà sous leurs contours charmants
Perles, rubis et diamants.
Elle approche, en prend un, conquête précieuse,
Admire sa fraîcheur, sa forme gracieuse,
Et, tremblante d’émotion,
L’ouvre… Ô déception !
Il est vide… un second, puis un autre… encor vides…
Alors, détournant d’eux ses prunelles humides,
Vous m’avez, — leur dit-elle, — abusée un moment,
Mais l’oubli vengera mon cœur de sa méprise.
Sachez qu’à tout écrin il faut son diamant,
Mystérieux rayonnement,
S’il veut d’un doux regard fixer la convoitise.
Telle beauté, comme l’écrin trompeur,
Nous fascine un instant sous les traits d’une femme ;
Mais pour toujours ravir, pour captiver notre âme,
Il n’est que son amour, ce diamant du cœur.
“L’Écrin”, Joseph Déjacque, 1821 – 1864