Au mois des fleurs, dans un ombreux vallon,
Sous le toit délabré d’une vieille maison,
Progné venait de construire ou refaire
Son nid d’argile en habile ouvrière;
Ses petits éclos, tendre mère!
Elle redit ses plus douces chansons.
Pour leur donner des soins elle semble renaître;
Elle vole, revole, et, sous l’humble fenêtre,
Leur apporte à manger larves et moucherons :
Soyez repus, aimables oisillons!
Un jour la sensible hirondelle
Fut surprise, hélas! dans les rets
Que tendait une pastourelle
Aux volatiles des forêts.
Promue gémit pour ses pauvrets.
« Bergère, rendez-moi, dit-elle,
« Oh! rendez-moi la liberté;
« Aux soins de la maternité
« Ma nichée à grands cris de nouveau m’appelle…
« Oh! vous ne sentez point ce qu’ils ont à souffrir,
« Mes petits innocents… Ils n’ont plus qu’à mourir,
« Si vous me retenez… — Oiseau, dit la Bergère,
« Va, ne crains rien, j’exauce ta prière.
« Mais promets que sous les auvents
« De cette modeste chaumière
« Tu reviendras chaque printemps,
« Des zéphyrs prompte messagère,
« En ma demeure hospitalière
« Abriter tes petits enfants.
« — Je le jure, foi d’hirondelle!…
« Qu’elle est douce la pastourelle
« Qui protège ainsi mon amour !
« Que Dieu la mette sous son aile!
« Et puisse-t-elle, heureuse, un jour
« Devenir mère à son tour!
« Dieu va t’unir à ton amant Cyrille,
« Le plus aimable du hameau.
« Bergère avenante et gentille,
« Bientôt tu garderas son cœur et son troupeau.
« Oh! des mères sois le modèle!
« Je prophétise ton bonheur!
« Retiens aussi que l’Hirondelle,
« En dévorant l’insecte destructeur,
« Vient en aide au laboureur. »
“L’Hirondelle et la Bergère”