Jean-Louis Aubert, dit l’abbé Aubert, fabuliste, poète, 1731 – 1814.
L’amitié n’est chez nous qu’un goût dont on se lasse,
Un nœud qu’use le temps, un caprice qui passe.
Les deux Pigeons.
L’amitié disparaît où l’égalité cesse.
Fanfan et Colas.
… L’amour est un enfant gâté,
Toujours impatient d’atteindre
Aux objets qu’on refuse à son avidité.
Leur prix se perd à l’instant qu’on lui cède,
Et le refus leur donnait mille appas.
Il est de glace aux trésors qu’il possède ;
Il est de feu pour tout ce qu’il n’a pas.
Les deux Moineaux.
L’Amour polit le caractère,
Épure l’âme, y sème les vertus.
On prend pour lui certain fils de Vénus,
Qui n’en est cependant qu’une image grossière.
Le véritable Amour, celui qui dans nos cœurs
Rappelle nos devoirs, les guide, les éclaire,
Est fils de la Raison et le père des Mœurs.
Les Vœux.
Si l’amour libre est un feu violent,
L’amour que l’on gêne est bien pire.
Le Moineau-franc.
… Amour perd sa puissance
Sitôt qu’Hymen dispense ses présents.
Les deux Billets.
On osa de tout temps attaquer nos défauts
Par l’artifice heureux d’un adroit badinage.
Le Renard peintre.
Jamais pour mériter un hommage fidèle,
La seule beauté ne suffit ;
Flattez moins les yeux que l’esprit,
On vous trouvera toujours belle.
Les Fleurs.
Le blâme sort toujours d’une bouche édentée.
Les Lapins.
Il vaut mieux être bon qu’habile.
L’Ours et le Chien.
La bonté n’est souvent qu’un retour de malice,
Et la vertu qu’un plus grand vice.
Le Renard.
Tel brille ainsi de loin dans un poste éminent,
Qui n’est de près qu’une mazette.
Le Chat et le Coq d’un clocher.
Plus faible est la raison, plus fort est le caquet.
Le Radoteur.
Une chaîne dorée est toujours une chaîne
Dont le poids se fait trop sentir.
Le Serin mis en Cage.
Un mauvais choix toujours en entraîne mille autres.
L’Âne ministre.
L’univers perd beaucoup dans un bon citoyen.
Le Patriarche.
Les cœurs sont pour l’Etat des richesses immenses.
L’Ours et le Chien.
- Maximes de J. Louis Aubert