Ci-suit une de ces fables qui n’en sont pas mais…
Tu quoque mi fili !
De l’enclos d’un chenil, un beau mâtin, Brutus,
Fut sorti par un homme ennemi du lupus ;
Un berger ayant eu des chiens en ribambelle
Dont aucun dans le temps n’était resté fidèle.
Le canis sut bientôt que son nouveau patron,
En plus d’une tendance à pousser le juron,
Voulait qu’on le jugeât comme seigneur et maître,
Et surtout plus jamais qu’on ne le prenne en traître :
« Des Médor, des Mirza, des Sultan, des Moufflard !
Nom d’un chien ! Maudit soit leur prénom de bâtard !
Ils ont tous déserté leur besogne bergère,
Et m’ont renié, moi ! qui leur servait de père.
La morale, vois-tu, c’est que, selon mon cœur,
Quand on porte un beau nom, on doit lui faire honneur. »
Que le chien l’ait compris, c’est difficile à croire,
Encore plus qu’il eut des rudiments d’Histoire,
Et pourtant, quand, vêtu d’un horrible costar,
Un voisin demanda : « Comment vas-tu César ? »
Le berger vit dans l’œil de son tout nouveau garde
La lueur de celui qui dans le dos poignarde.
Ils l’avaient tous trahi ; pas trente, mais bien dix.
Il dit donc à Brutus : « Quoi ? Toi aussi mon fils ! (1) »
(1) J’espère, nom de Dieu ! qu’à ce mot pour Brutus,
Les poètes voudront pardonner l’hiatus.
“Nom d’un Chien !”
- Autres fables de Patrick Lanciot : https://pich24.wordpress.com/