Chacun se trompe ici-bas.
On voit courir après l’ombre
Tant de fous, qu’on n’en sait pas
La plupart du temps le nombre.
Au Chien dont parle Esope il faut les renvoyer.
Ce Chien, voyant sa proie en l’eau représentée,
La quitta pour l’image, et pensa se noyer ;
La rivière devint tout d’un coup agitée.
A toute peine il regagna les bords,
Et n’eut ni l’ombre ni le corps.
Autre analyse:
Analyses de Chamfort – 1796.
(Le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre)
Un chien qui est dans l’eau, trouble l’eau, et ne saurait y voir l’ombre de sa proie. Si ce chien était sur une planche ou dans un bateau , il fallait le dire.
Commentaires de MNS Guillon – 1803.
Le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre.Les divers fabulistes qui ont traité ce sujet avoient-ils oublié qu’il est impossible de nager sans troubler l’eau, et de voir son image, lorsque l’eau est troublée ?
Études sur les fables de La Fontaine, P. Louis Solvet – 1812.
Le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre
Ésope, F. 213. — Phèdre, liv. I,F.4
Un chien qui est dans l’eau, trouble l’eau’, et île sauroit y voir l’ombre de sa proie ; si ce chien étoit sur une planche ou dans un bateau, il falloit le dire. (Ch.)
Comme si, dans une Fable d’aussi peu d’étendue, et qui ne semble être amenée qu’incidentellement, il ne suffisoit pas, à toute rigueur, que ce chien ne soit pas représenté passant le fleuve à la nage, ainsi que l’ont fait Esope et Phèdre : cela seul prouve qu’en les imitant, La Fontaine a senti cette inadvertance.