Le soleil, quittant notre terre,
Allait porter plus loin ses feux
Et réveiller l’autre hémisphère ;
Quand tout à coup devant ses yeux
S’étendit un nuage intense
De nauséabondes vapeurs
Flétrissant les plus belles fleurs
Sous sa délétère influence :
» Misérable !” dit le soleil,
” Maintenant que je pars, tu viens sur la nature
” Répandre tes poisons et flétrir sa parure
De ton souffle pestilentiel !…
Va ! ton triomphe est éphémère :
” Demain les flots de ma lumière
” T’anéantiront à jamais!…”
Il en est ainsi du Progrès.
En vain pour entraver sa marche inexorable,
Se dressent l’Ignorance à l’aspect indomptable,
Le Fanatisme au bras sanglant
Et la troupe des maux qui va l’accompagnant ;
Le char marche toujours en sa route assurée,
Rien ne peut l’arrêter ; tout cède devant lui.
Par son flambeau puissant l’ère régénérée
Verra luire le jour où la flamme sacrée
Chassera pour toujours les ombres d’aujourd’hui
“Le Soleil et la Brume”
- Paul Stevens, 1830 – 1881