Il existe un oiseau qu’on appelle Moqueur
Qui critique toujours sans môme être chanteur ;
Aussi dans les forêts vit-il comme un ermite,
Chaque habitant de l’air en le voyant l’évite.
Ce triste volatile est envers les oiseaux
Ce que sont maints censeurs parmi les animaux
A deux pieds. Un jour donc que du creux d’un érable
Ce stupide moqueur, dit-on,
Par ses sifflets, d’un air capable,
Poursuivait sottement un habile pinson :
—” Ah ça ! mon piètre personnage
” Lui dit le pinson irrité,
” C’est bien à toi vraiment de siffler mon ramage !…
” Qu’es-tu, sinon un sot gonflé de vanité ?…
” Chante donc, si tu peux, mon impudent Zoïle,
” Tune sais pas même siffler!…”
Défunt Boileau l’a dit, je puis le répéter :
La critique est aisée et l’œuvre est difficile.
“L’Oiseau moqueur et le Pinçon”
- Paul Stevens, 1830 – 1881