AIR de Philoctète.
Quoi ! désormais tout penseur est suspect !
Pourquoi ces cris et cette rage impie?
Y avons-nous pas chacun notre utopie
Qui de chacun mérite le respect?
Ah! combattez vos penchants égoïstes
Par les élans de la fraternité;
Au nom de l’ordre et de la liberté.
Ne criez plus : A bas les communistes!
Pour qui ces mots seraient-ils odieux :
Egalité y Communisme, Espérance,
Quand chaque jour de l’horizon s’élance
Pour tout vivant un soleil radieux !
Ah ! croyez-moi, les cruels anarchistes
Ne sont pas ceux que vous persécutez ;
vous surtout, pauvres déshérités,
Ne criez plus : A bas les communistes !
Quand des chrétiens, réunis au saint lieu,
S’agenouillait la famille pressée,
Communiant dans la même pensée,
Grands et petits s’écriaient : Gloire à Dieu!
Frères, le ciel ouvre aux socialistes
Sa nef d’azur pour des rites nouveaux.
Pas d’intérêts, pas de cultes rivaux :
Ne criez plus : A bas les communistes !
Amis, la terre a-t-elle pour les uns
Des fruits, des fleurs; — des ronces pour les autres! ?
D’un saint travail devenons les apôtres :
Tous les produits à tous seront communs.
Rassurez-vous, esprits sombres et tristes :
La nuit s’envole, espérons un beau jour;
Si vous brûlez d’un fraternel amour.
Ne criez plus : A bas les communistes !
“Ne criez plus : A bas les communistes!”
- Pierre Lachambeaudie – 1806 – 1872