Timoléon Jaubert
Poète, magistrat et fabuliste XIXº – César
César était de race illustre ;
Une étoile brillait au-dessus de ses yeux ;
De sa robe on vantait le lustre,
Le poil fauve, long et soyeux.
Son courage égalait au moins sa haute taille ;
Jamais son fier museau ne trouva de railleur ;
César enfin, chien de bataille,
Se posait en grand batailleur.
Heureux en cent combats, toujours sûr de lui-même,
Il exerça longtemps l’autorité suprême.
Des barbets du village il réglait le destin.
Qu’il est beau d’être fort!. Un jour, dès le matin,
Un âne qui broutait les feuilles d’une branche
Aperçut aux pieds du rempart
Un chien boueux, traînant la hanche,
A demi mort.. c’était César.
« Toi, César ! lui dit-il ; quelle dent sacrilège
A déchiré tes flancs ? »-« On me tendit un piège.
– Les lâches ! vingt limiers se liguer contre moi !
A la fois, contre un seul, diriger vingt mâchoires ! »
–« César, dit le baudet, tu demandes pourquoi ?.
Tu remportas trop de victoires. »
Timoléon Jaubert