Antoine-Louis Le Brun, poète, 1680 – 1743.
Rien n’est plus beau que d’accorder La modestie et le mérite.
Le Loup et le Renard.
De la suprême autorité,
On n’abuse jamais avec impunité.
La Désobéissance louable.
… La beauté passagère,
Que le moindre accident flétrit,
Que bientôt la vieillesse altère, En peu de temps brille et périt.
La Rose et l’Arbrisseau.
Quand on a même but rarement on s’accorde.
L’Aigle et le Dragon.
Le véritable amour doit être généreux.
L’Amour et l’Intérêt.
L’amour-propre nous perd; c’est un écueil flatteur
Qui porte à la raison de fâcheux préjudices.
Narcisse et son Image.
L’amour-propre est aveugle; un auteur qui se flatte
Qu’au public il plaira, se flatte vainement:
Ne prévenons jamais son jugement,
C’est une espèce d’antidate.
L’Auteur et le Livre.
Oh! qu’en leçons l’apologue est fertile!
Le Feu disgracié.
Ne jugez en nulle occurrence,
Ni de l’homme par l’apparence,
Ni du cheval par le harnais.
Les deux Chevaux.
Les plus brillans appas sont des fantômes vains.
Alcimédon et Amaryllis.
… Les vrais appas sont ceux de la vertu.
Les deux Lions en guerre.
Les plus brillans appas n’ont qu’un temps pour charmer.
La Tubéreuse et le Zéphir.
… Il n’est de bons repas
Que ceux qu’appétit assaisonne.
Le Prince et le Pâtre.
Il est …
Plus honteux d’ignorer qu’il n’est honteux d’apprendre.
Le Vieillard ignorant.
L’artifice est suspect et nuit à son auteur.
Le Singe et la Guenon.
Tyrans, n’exigeons point que l’on nous obéisse,
De notre autorité quand nous nous prévalons;
Maîtres compatissans, jamais ne rebutons
Ceux qui sont à notre service.
L’Homme et son Chien.
Le ciel hait l’avare; son crime
N’est jamais sans punition;
Tôt ou tard de sa passion
Il est dupe, esclave, et victime.
L’Avare et le Voleur.
Dans l’obscur avenir ne cherchons pas à lire,
D’un voile impénétrable il est enveloppé;
Curieux, indiscrets nous nous laissons séduire;
Qui prétend le connaître est trompeur et trompé.
Demeurons dans une humble et modeste ignorance;
Que la seule raison règle nos sentimens;
Avec une tranquille et sage, indifférence
Attendons les événemens.
La Victime et le Sacrificateur.
Quelquefois on perd tout en voulant tout avoir.
Le Renard et le Loup.
On ne peut négliger les avis des savans.
Le Vieillard ignorant.
… Pour les beaux-arts le goût est refroidi,
L’ouvrage le meilleur n’est plus guère applaudi.
Le Berger, le Loup et le Renard.
S’enorgueillir de la beauté,
C’est ridicule et sotte vanité:
Peut-on se prévaloir d’un bien si peu durable,
Et souvent si pernicieux?
La vertu, ce trésor immortel, précieux,
N’est-elle pas plus estimable?
La Tulipe et la Jonquille.
Une beauté quoique stupide,
En tyran quelquefois de notre sort décide.
La Statue.
En nos cœurs la beauté verse un mortel poison,
Et c’est un piège redoutable
Que l’amour tend à la raison.
La Statue.
- Maximes de Antoine-Louis Le Brun