“De Jupiter et des Besaces” – Après que les Hommes eurent été formés, Jupiter s’aperçut qu’ils avaient des défauts si grands qu’ils ne pourraient eux-mêmes les souffrir, s’il ne leur en ôtait la connaissance. Il jugea donc à propos de les éloigner de leur vue ; et pour cet effet, il prit tous ces défauts, et en remplit plusieurs Besaces ; puis il les distribua, donna à chacun la sienne, et la lui mit sur le dos ; de telle manière que les défauts d’autrui pendaient dans la poche de devant, et ceux du porteur dans celle du derrière.
Autre version
” Les deux Besaces “ – Jadis Prométhée, ayant façonné les hommes, suspendit à leur cou deux sacs, l’un qui renferme les défauts d’autrui, l’autre, leurs propres défauts, et il plaça par devant le sac des défauts d’autrui, tandis qu’il suspendit l’autre par derrière. Il en est résulté que les hommes voient d’emblée les défauts d’autrui, mais n’aperçoivent pas les leurs.
On peut appliquer cette fable au brouillon, qui, aveugle dans ses propres affaires, se mêle de celles qui ne le regardent aucunement.
Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Jupiter et les Besaces
On dit que Jupiter, comme un joug assez doux,
A posé de sa main deux besaces sur nous.
Devant est celle où sont tous les défauts des autres ;
Et derrière il a mis celle où sont tous les nôtres.
C’est ainsi qu’ici-bas le sot encor la porte ;
Le sage agit d’une autre sorte :
Il la retourne et met ses défauts devant lui,
Tandis que sur son dos il jette ceux d’autrui.
- Isaac de Benserade – (1612 – 1691)