La Cire gémissait d’être molle et de céder facilement au coup le plus léger. Voyant au contraire que les briques faites d’une argile beaucoup plus molle encore parvenaient, grâce à la chaleur du feu, à une dureté telle qu’elles duraient des siècles entiers, elle se jeta dans la flamme pour arriver à la même résistance, mais aussitôt elle fondit au feu et se consuma. Cette fable nous avertit de ne pas rechercher ce que la nature nous refuse.
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Le cierge
C’est du séjour des dieux que les abeilles viennent.
Les premières, dit-on, s’en allèrent loger
Au mont Hymette , et se gorger
Des trésors qu’en ce lieu les zéphyrs entretiennent.
Quand on eut des palais de ces filles du Ciel
Enlevé l’ambroisie en leurs chambres enclose,
Ou, pour dire en français la chose,
Après que les ruches sans miel
N’eurent plus que la cire, on fit mainte bougie ;
Maint cierge aussi fut façonné.
Un d’eux voyant la terre en brique au feu durcie
Vaincre l’effort des ans, il eut la même envie ;
Et, nouvel Empédocle aux flammes condamné
Par sa propre et pure folie,
Il se lança dedans. Ce fut mal raisonné ;
Ce cierge ne savait grain de philosophie.
Tout en tout est divers : ôtez-vous de l’esprit
Qu’aucun être ait été composé sur le vôtre.
L’Empédocle de cire au brasier se fondit :
Il n’était pas plus fou que l’autre.
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)