Une Mouche s’étant arrêtée sur un Chariot qui courait dans la lice, où les chevaux et l’agitation des roues élevaient une grande poussière : ” Quelle nuée de poudre je fais élever, s’écria-t-elle en s’applaudissant ! “
Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Musca et Mula
Musca in temone sedit et mulam increpans
Quam tarde es inquit non vis citius progredi?
Vide ne dolone collum conpungam tibi.
Respondit illa: Verbis non moveor tuis;
Sed istum timeo sella qui prima sedens
Cursum flagello temperat lento meum,
Et ora frenis continet spumantibus.
Quapropter aufer frivolam insolentiam;
Nam et ubi tricandum et ubi sit currendum scio.
Hoc derideri fabula merito potest
Qui sine virtute vanas exercet minas.
- Phedre – (14 av. J.-C. – vers 50 ap. J.-C.)
De la Mouche et la Mule
Une Mouche se posa sur un timon, et, gourmandant la Mule:
« Paresseuse, lui dit-elle, ne peux-tu aller plus vite? marche, ou je te perce le cou avec mon dard. » La Mule lui répondit: « Je ne m’émeus point de tes paroles; mais je crains l’homme assis sur le siège de devant, et qui, armé d’un fouet flexible, me gouverne sous le joug et retient par le frein ma bouche écumante. Laisse donc là ta frivole arrogance; car je sais quand il faut m’arrêter, et quand je dois courir. »
Cette fable peut servir à tourner en ridicule ceux qui prodiguent d’impuissantes menaces.
- Fable de Phedre traduite par Ernest Panckoucke (1808 – 1886)
La Mouche sur le Chariot
Certain jour d’Eté sec,un Cocher fort habile ,
Tel que le fut Néron dans le Cirque Romain »
Aux Rives de la Mer , sur un poudreux terrain,
Faisoit voler un Char agile.
Le rapide Attelage en battant les Sillons,
Elevoit à gros tourbillons
Un long nuage de poussiere,
Qui dans les airs s’éparpillait.
Et tandis que le Char à grand fracas voloit,
Une Mouche sottenent fiere,
Paroissoit campée au Sommet
De cette Machine légère ,
Et s’y carroit en Maltotiere
Qui remplit un Fauteuil garni de fin Duvet.
Qui donc à votre avis faisoit voler la poudre ?
La chose, direz vous , est facile à résoudre ,
Ce font les Chevaux , sûrement » ,
Ou pour le dire mieux le Cocher qui les guide.
Ce que vous dites-là , la raison le décide ,
Le bon Esope en fit un pareil jugement ;
Mais il dit que la Mouche eût si peu de cervelle ,
Qu en son petit raisonnement
Elle croyoit que ce fut elle.
- Eustache Le Noble – (1643 – 1711)