Un Astrologue contemplait les astres en marchant : il eût beaucoup mieux fait de regarder à ses pieds ; car tandis qu’il lève les yeux et les tient toujours fixés vers le ciel, voici que sans voir un puits qu’on avait creusé sur son chemin, il en approche, et de si près, qu’il s’y précipite et s’y noie.
Autre version
Un astronome avait l’habitude de sortir tous les soirs pour examiner les astres. Or un jour qu’il errait dans la banlieue, absorbé dans la contemplation du ciel, il tomba par mégarde dans un puits. Comme il se lamentait et criait, un passant entendit ses gémissements, s’approcha, et apprenant ce qui était arrivé, lui dit : Hé ! l’ami, tu veux voir ce qu’il y a dans le ciel, et tu ne vois pas ce qui est sur la terre ! »
On pourrait appliquer cette fable aux hommes qui se vantent de faire des merveilles, et qui sont incapables de se conduire dans les circonstances ordinaires de la vie.
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
L’Astrologue
Un jour une personne, aux astres bien instruite,
Regardait vers le ciel, et tomba lourdement.
Tel donne des leçons sur la bonne conduite,
Qui s’égare lui-même, et bronche à tout moment.
Avis à vous, savants en inutilités,
Mais sur le nécessaire, esprits forts hébétés.
Tel voit ce qui se passe autour d’une planète,
Qui chez lui ne voit rien, même avec sa lunette.
- Isaac de Benserade – (1612 – 1691)
L’ Astrologue
Un astrologue admirait le firmament
Tout en se promenant.
Mais de fixer ses pieds il eût fait mieux.
Comme vers le ciel
Il pointait les yeux,
Pensant à sa science superficiel,
Reliant le réel à l’immatériel,
Le providentiel
Contre le rationnel, l’essentiel
Il l’oublia, si bien que sur son chemin
Il ne vit pas le puits qu’on y avait creusé.
Il y tomba et précipitée fut sa fin.
L’astre, symbole naturel de notre destin,
Semble bien usé,
Même pour ce devin.
Voici un épiscope¹
Qui aurait dû faire son propre horoscope
Pour en tirer avis, alerte ou leçon…
De cet art interlope²
Et faux, à ma façon,
J’en deviens l’inutile représentant
Pendant un court instant :
Tête dans les étoiles, tête dans la lune,
Magie est de contempler le ciel nocturne,
Mais l’astrologue, pour moindre infortune,
Eût dû pour la prudence consulter Saturne…
- David Claude (fabuliste contemporain)
– De l’Astrologue