Un Renard presté par la faim,
Passant un jour sous une treille,
Vie fur fa tête un gros Raisin,
Dont la couleur étoit merveille.
Il crût d’abord sans contredit
En contenter son appétit;
Mais ce Renard contoit sans l’hôte,
Car quelques bonds & sauts qu’il fit,
La grappe fut toujours trop haute.
Toutefois cachant son dépit,
Ce feroit, dit il, grand dommage
De la prendre encore en verjus
Laissons la mûrir davantage.
Quand ses éforts font superflus
Pour atteindre à ce qu’il aspire,
Tout homme glorieux & vain
Méprise avec un fier dédain
La Chose même qu’il desire.
« Du Renard et du Raisin »
François Gacon, 1667 – 1725