Un Pêcheur assez peu versé dans son métier, prit sa flûte et des filets pour aller à la pêche. Étant arrivé au bord de la mer, il s’assit sur une pierre, et se mit à jouer de la flûte, croyant, par la douceur de son chant, charmer les Poissons, et les prendre sans aucune peine : mais cette tentative ne lui réussit pas. Il quitta donc la flûte, prit son filet et le jeta dans la mer. Du premier coup de filet il prit une grande quantité de poissons, il les traîna sur le rivage, et ils se mirent tous à sauter. ” En vérité, leur dit-il, vous êtes de sots animaux. Tandis que j’ai joué de la flûte, vous n’avez point voulu danser ; et sitôt que j’ai cessé d’en jouer, vous vous êtes tous mis à sauter. “
Autre version
” Le Pêcheur qui joue de la Flûte ” – Un pêcheur, habile à jouer de la flûte, prenant avec lui ses flûtes et ses filets, se rendit à la mer, et, se postant sur un rocher en saillie, il se mit d’abord à jouer, pensant que les poissons, attirés par la douceur de ses accords allaient d’eux-mêmes sauter hors de l’eau pour venir à lui. Mais comme, en dépit de longs efforts, il n’en était pas plus avancé, il mit de côté ses flûtes, prit son épervier, et, le jetant à l’eau, attrapa beaucoup de poissons. Il les sortit du filet et les jeta sur le rivage; et, comme il les voyait frétiller, il s’écria: « Maudites bêtes, quand je jouais de la flûte, vous ne dansiez pas ; à présent que j’ai fini, vous vous mettez en branle. »
[quote style=”1″]Cette fable s’applique à ceux qui agissent à contre-temps.[/quote]
Ἁλιεὺς αὐλῶν
Ἁλιεὺς αὐλητικῆς ἔμπειρος , ἀναλαβὼν αὐλοὺς καὶτὰ δίκτυα, παρεγένετο εἰς τὴν θάλασσαν καὶ στὰς ἐπί τινος προβλῆτος πέτρας, τὸ μὲν πρῶτον ᾖδε, νομίζων αὐτομάτους πρὸς τὴν ἡδυφωνίαν τοὺς ἰχθύας ἐξαλεῖσθαι πρὸς αὐτὸν. Ὡς δὲ, αὐτοῦ ἐπὶ πολὺ διατεινομένου, οὐδὲν πέρας ἠνύετο, ἀποθέμενος τοὺς αὐλοὺς ἀνείλετο τὸ ἀμφίβληστρον καὶ βαλὼν κατὰ τοῦ ὕδατος πολλοὺς ἰχθύας ἤγρευσεν. Ἐκβαλὼν δὲ αὐτοὺς ἀπὸ τοῦ δικτύου ἐπὶ τὴν ἠιόνα, ὡς ἐθεάσατο σπαίροντας, ἔφη· “Ὦ κάκιστα ζῷα, ὑμεῖς, ὅτε μὲν ηὔλουν, οὐκ ὠρχεῖσθε, νῦν δὲ, ὅτε πέπαυμαι, τοῦτο πράττετε.”
[quote style=”1″]Πρὸς τοὺς παρὰ καιρόν τι πράττοντας ὁ λόγος εὔκαιρος[/quote].
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Esope – VIIe-VIe siècle av. J.-C
Le Pêcheur qui joue de la Flûte
Un Pécheur avail une flûte dont il jouait tort bien. Un jour, dans l’espoir d’attirer à lui sans peine une grande quantité de Poissons par le charme de ses accords, il posa son filets commença un air harmonieux. Puis, fatigué de souffler et de s’épuiser en vains sons, il jeta son filet et prit beaucoup de Poissons. Les voyant sauter à terre chacun à sa manière, il les railla pendant qu’il lavait son filet : « Vous dansez, sans flûte à présent ; il eût mieux valu danser tantôt, pendant que je vous invitais à former des choeurs de danse. »
[quote style=”1″]Sans peine et sans application, on ne réussit à rien. Quand tu as, par un effort, pris ce que lu désirais, il est temps de rire et de le réjouir.[/quote]
- Babrius, Babrias (IIe. ou IIIe. siècle)
traduction par A. L. Boyer (1844)
Les Poissons et le Berger qui joue de la Flûte
Tircis, qui pour la seule Annette
Faisait raisonner les accords
D’une voix et d’une musette
Capables de toucher les morts,
Chantait un jour le long des bords
D’une onde arrosant les prairies
Dont Zéphire habitait les campagnes fleuries.
Annette cependant à la ligne pêchait;
Mais nul poisson ne s’approchait:
La bergère perdait ses peines.
Le berger, qui, par ses chansons,
Eût attiré des inhumaines,
Crut, et crut mal, attirer des poissons.
Il leur chanta ceci : « Citoyens de cette onde,
Laissez votre Naïade en sa grotte profonde ;
Venez voir un objet mille fois plus charmant.
Ne craignez point d’entrer aux prisons de la belle ;
Ce n’est qu’à nous qu’elle est cruelle.
Vous serez traités doucement ;
On n’en veut point à votre vie :
Un vivier vous attend, plus clair que fin cristal ;
Et, quand à quelques-uns l’appât serait fatal,
Mourir des mains d’Annette est un sort que j’envie. »
Ce discours éloquent ne fit pas grand effet ;
L’auditoire était sourd, aussi bien que muet :
Tircis eut beau prêcher. Ses paroles miellées
S’en étant aux vents envolées,
Il tendit un long rets . Voilà les poissons pris ;
Voilà les poissons mis aux pieds de la bergère.
Ô vous, pasteurs d’humains et non pas de brebis,
Rois, qui croyez gagner par raisons les esprits
D’une multitude étrangère,
Ce n’est jamais par là que l’on en vient à bout.
Il y faut une autre manière:
Servez-vous de vos rets; la puissance fait tout.
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)