André-Clément-Victorin Bressier
Salut, ô reine des provinces,
Toi, jadis la terreur,* par un plus doux destin
Aujourd’hui l’orgueil de nos princes ;
Où le génie et le bon vin
L’un et l’autre sont indigènes ;
Berceau de ces savants, de ces fils d’Apollon
Dont les plages les plus lointaines
Ont appris à dire le nom.
Là naquit ce guerrier dont l’habile crayon
Traça les boulevards qui défendent la France ;
Là le Pline français, ici l’aigle de Meaux,
Démosthène, Eschyle et Térence,
Ont parmi tes enfants trouvé d’heureux rivaux.
Oh ! si ma voix pouvait, secondant mon délire,
Former des sons harmonieux,
Tels que ton climat les inspire,
Dignes de toi, dignes des dieux,
Je te consacrerais ma lyre.
Mais de ce vol audacieux
Ma muse s’effarouche, un doux charme l’attire
Vers les héros d’Ésope ; heureuse si jamais,
Sous le ciel des talents, à mes faibles essais
L’indulgence daigne sourire !
* Allusion au temps où les ducs de Bourgogne faisaient la guerre aux rois de France.