Une branche de cerisier,
De boutons argentés tout entière garnie,
Excita d’un jeune écolier
La convoitise irréfléchie.
«Portons-la, se dit-il, bien vite à la maison;
«Pour jouir de sa floraison,
«Dans le vase de porcelaine
«Où mes bouquets sont arrangés,
«Je la mettrai, je la verrai sans peine
«Fleurir, porter des fruits, lesquels seront mangés.»
Tôt dit, tôt fait, et les boutons d’éclore.
L’enfant, ivre de joie, attend le nouveau fruit;
La cerise pourtant ne paraît point encore;
Bientôt la branche sèche et plus rien ne produit.
Le sentiment du talent est la sève.
Sans lui le talent peut faire éclore une fleur,
Mais son succès ne sera qu’un vain rêve:
Ses fruits doivent tirer leur substance du cœur.
“La branche de Cerisier”