L’humble chenille un jour rencontra par hasard
Une fourmi vive et légère :
“Oses-tu bien, lui dit la fière,
Venir si près de moi? Vas ramper autre part.
Depuis quand pris-tu tant d’audace?
Crois-moi déloge vite et me cède la place.
Car j’attends en ces lieux grand nombre de mes sœurs.
— Eh bien! dit la chenille, on va ramper ailleurs;
Calmez votre courroux. » Sans dire davantage,
Elle se met promptement à l’ouvrage,
S’enferme en un tissu qu’elle ourdit avec art,
Sommeille quelque temps, puis, soudain ranimée,
En papillon brillant s’envole transformée.
Bientôt après, rencontrant à l’écart
Cette fourmi si dédaigneuse,
Le parvenu reçoit un obligeant accueil :
« Oh! oh! dit celui-ci, vous n’avez plus d’orgueil;
De mon nouvel habit l’influence est heureuse;
Mais vous prenez trop tard des sentiments si doux.
Allez, ma chère, éloignez-vous.
Vous saurez désormais que quand le sort l’ordonne.
Le pauvre en riche est métamorphosé.
Et que pour n’être pas à son tour méprisé,
Il ne faut mépriser personne. »
“La Chenille et la Fourmi”