Le voisinage d’un clocher
Est un assez sot voisinage.
Soit dit, sans le leur reprocher,
Les cloches ont certain langage
Dont on se fatigue aisément :
Langage à vous rompre la tête,
Langage à tout événement,
Langage en vogue également,
Un jour de deuil, un jour de fête,
De baptême ou d’enterrement.
Ainsi, maint homme de génie
Que le bon Dieu fit tout exprès
Pour ennuyer leur compagnie,
A tout propos, sur tous sujets,
A pérorer sont toujours prêts.
Mais ces gens-là n’ont pas l’excuse
Que la cloche peut opposer
A tout mécontent qui l’accuse
De rarement se reposer.
« Si l’on se lasse de m’entendre,
Ami, dans la mauvaise humeur,
Est-ce à moi que l’on doit s’en prendre ?
Qu’on s’en prenne au carillonneur ! »
Exposés au même reproche,
Que de médisants, aujourd’hui,
Ne sont pourtant, comme la cloche,
Qu’un instrument mu par autrui !
“La cloche et le Carillonneur”