Dame Fortune, un beau soir,
Avec sa brillante escorte,
S’en vint frapper à la porte
D’un jeune homme. Pan ! pan ! « Ouvre, je viens te voir.
Ouvre ! pas de retard, mon ami, mon poète,
Dont la lyre souvent s’endort toute muette
Près de ton morceau de pain noir.
— Moi, votre ami ! sous le chaume où j’habite,
Ma pauvreté cherche en vain le moyen
De vous loger et vous et votre noble suite ;
Je suis poète, adieu, Fortune, je n’ai rien.
— Pauvre rêveur, donne au moins par prudence
Un asile à la Dignité,
A la Grandeur, à l’Opulence ;
Avec elles partout tu seras bien traité.
— Je ne puis. — Je te laisse alors la Renommée
Qui peut relever seule un courage abattu.
— Elle encor moins… pour sa fumée,
Tout mon repos serait perdu. »
“La Fortune et le Poète”