La déesse aveugle et volage
Qui règne sur cet univers ,
La fortune ( on connaît ses caprices divers )
Se présenta certain jour chez un sage.
« Je t’ai bien négligé, dit-elle, ami, suis-moi,
« Je veux te faire aimer ma loi !
« Pour te rendre à la cour, voici mon équipage.
« Tu jouiras des plus brillants honneurs. »
— « Va, porte à d’autres tes faveurs,
« Je ne le cache point, tu n’as rien qui me flatte ,
Répond l’élève de Socrate ;
« En te suivant, compagne de Plutus,
« Je perdrais pour toujours le calme et les vertus. »
Par le monde on rencontre encor maint philosophe ,
Mais ils sont, je le crois, d’une tout autre étoffe.
“La Fortune et le sage”