Denis Charles Henri Gauldrée-Boileau
Enorgueilli par maint succès,
Tel croit avoir fixé la fortune légère ,
Qui tout-à-coup perd ses bienfaits,
Et la perfide court enrichir la misère
D’un être insouciant qui n’y pensa jamais.
Rien ne peut captiver son humeur indocile,
Et sa faveur est plus fragile
Qu’un globe de savon à l’air abandonné.
Qu’on en soit accueilli, qu’on en soit dédaigné,
Est-on souvent plus fortuné ?
L’avare meurt de faim près d’un or inutile!
Mais c’est trop bavarder, contons à mes lecteurs
L’origine de tant d’erreurs.
La Fortune autrefois y voyait à merveille,
Et ne prêtait jamais l’oreille
Aux prières du vicieux ;
Ses dons n’appartenaient qu’à l’homme industrieux.
Il n’en fallait pas tant pour offusquer l’Envie.
Ce monstre un jour la surprit endormie ,
Et lui creva les yeux.
Désormais l’intrigue et l’adresse,
Chez les mortels tinrent lieu de vertus ;
Méprisé désormais, le travail n’osa plus
Prétendre seul à la richesse ;
La Fortune, aveugle déesse,
Fit accueil aux premiers venus.
“La Fortune