Un Renard, plus rusé qu’on ne saurait le croire,
Ayant l’air ouvert, sans détour ;
Avant d’arriver à la cour,
Avait sans doute lu la véridique histoire
De ce ministre adulateur,
Qui, devant un puissant monarque,
Faisait toujours quelque sotte remarque
Pour que le monarque eût l’honneur
De corriger son humble serviteur.
Pour mieux flatter, prenant cette route nouvelle,
Notre prudent Renard, sous le masque imposteur
De prétendu contradicteur,
Au Monarque Lion faisait la chance belle.
Le Roi parlait-il d’or, le Renard objectait,
Présentait un contre-projet,
Dont le rejet,
Bien assuré d’avance,
Faisait du Roi-Lion ressortir la prudence.
Le Prince avait-il tort, le Renard se taisait,
Ou de son coté se rangeait,
Tous deux étaient battus ensemble :
Bonne ruse… que vous en semble ?
Maître Renard avait le fil,
Vraiment le tour était subtil.
Que la flatterie est exquise,
Quand, sous un air frondeur, un fourbe se déguise
Avec tant de finesse et d’art !
Dieu nous garde de la franchise.
De la franchise du renard !
“La Franchise du renard”