Une Jonquille était ai belle,
Que , dans les jardins de Cypris,
Tous les Simples , amoureux d’elle.
N’osaient pas en paraître épris.
Le Gratte-cul, plus téméraire ,
Un beau jour risqua le paquet,
Et lui dit qu’il roulait lui plaire :
Mais on rabattit son caquet.
Dans ta haie, entouré d’épines,
Rebut des fleurs , va te cacher,
Apparemment que tu badines ?
Fuis, et cesse de m’approcher.
Donnez-moi du moins votre estime,
Et je bornerai-là mes vœux ,
Puisque vous me faites un crime
De l’aveu de mes tendres feux.
Rien du tout. Vous êtes trop fière ,
Peut-être vous en souffrirez ;
Notre souverain de Cythère
N’aime point les mépris outrés.
Si ce Dieu se le met en tête ,
Je deviendrai votre vainqueur.
Qu’il mette seulement un Bon sur ma requête,
Vous-même, vous viendrez me demander mon cœur.
*Dans une copie écrite de la main de l’auteur, au lieu des quatre vers qui terminent la pièce on trouve ceux-ci;
De ce Dieu craignez l’assistance;
Un amant sait s’en prévaloir :
Mais il ignore sa puissance ,
Tant qu’il lui reste quelque espoir.
- Jean-Baptiste Joseph Willart de Grécourt, 1684 – 1773 (La Jonquille et le Gratte-Cul)