La Mort et le Malheureux :
Le malheur vainement à la mort nous dispose ;
On la brave de loin, de près c’est autre chose.
Un pauvre bûcheron, de mal exténué,
Chargé d’ans et d’ennuis, de forces dénué
Jetant bas son fardeau, maudissait ses souffrances,
Et mettait dans la mort toutes ses espérances.
II l’appelle ; elle vient. Que veux-tu ? villageois.
Ah ! dit-il viens m’aider à recharger mon bois.
La Mort et le Bucheron par La Fontaine :
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n’en pouvant plus d’effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d’un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu’il faut faire
C’est, dit-il, afin de m’aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d’où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C’est la devise des hommes.
Autre analyse :
- fable sur le même sujet par Despréaux
“La Mort et le Malheureux, par J. B. Rousseau”