— Qu’est-ce, mon cher papa, que la paix et la guerre.
Dont j’entends parler constamment ?
Disait un jour un enfant à son père.
Celui-ci se recueille, et, pour le satisfaire,
Allait lui débiter un long raisonnement,
Quand un petit garçon, enflammé de colère ;
Paraît un bâton à la main,
Et comme un furieux tombe sur un essaim
De jeunes dindonneaux escortés par leur mère.
Pour éviter le bâton inhumain ;
La troupe épouvantée en criant se disperse,
S’enfuit ; mais le brutal atteint, frappe, renverse,
Froisse l’aile de l’un, jette l’autre expirant.
En vain, pour s’opposer à cet emportement,
Le cou tendu, la plume hérissée,
L’œil de fureur étincelant,
La mère courageusement
S’expose aux coups ; furieuse, oppressée,
Elle allait succomber. La sœur du furibond
Accourt, lui ravit son bâton,
Le force à déguerpir ; puis, d’une voix touchante,
Rappelle doucement la famille tremblante,
Calme les dindonneaux par la crainte agités,
Soulage les plus maltraités,
Qui puisent dans son sein une chaleur nouvelle,
Et par ses tendres soins, sous l’aile maternelle
Replace les pauvres petits.
Le père alors dit à son fils :
— Mon bon ami, cette sœur et ce frère
Viennent de t’expliquer ce que tu demandais.
Le garçon est cruel, injuste, sanguinaire ;
Cette bonne sœur, au contraire,
Se plaît à réparer tous les maux qu’il a faits.
L’un est l’image de la guerre,
L’autre est l’image de la paix.
“La paix et la guerre”