Fleury Flouch
Par un beau jour de Mai, sous un ciel plein d’éclat,
Le Plaisir disait à la Peine :
« Je suis las de porter ta chaîne ;
» Me prends-tu donc pour un forçat ?
» Pourquoi viens-lu renverser la corbeille
» Où des plus belles fleurs
» Je fais, en m’amusant, contraster les couleurs,
» Tandis que le Travail, notre père, sommeille » ?
Et le Plaisir versait des pleurs
Qui sillonnaient sa joue enfantine et vermeille.
Qui de nous deux à tort, frère mutin ?
Répondit la Peine encore pâle
De ses fatigues du matin :
» Mon visage au gi’and air se haie ;
» Tandis que vous chantez, une coupe à la main,
» Le Travail, qui dormait dans un bosquet voisin ,
Accourt au bruit de la querelle,
Amenant le Loisir qu’il rencontre en chemin,
« Allons, enfants, dit-il d’une voix paternelle,
» Embrassez-vous, faites la paix ;
» Pour vivre heureux aidez-vous désormais.
» La Pauvreté, que la Discorde appelle,
» Sous votre toit n’habitera jamais.
La balance de Dieu pesa la vie humaine,
Et l’équilibre ainsi vint s’établir :
Il mit dans un plateau la Peine,
Dans l’autre le Plaisir.
Fleury Flouch