Mon père, où donc trouver l’auguste Vérité ?
S’est-elle à tout jamais dans les cieux envolée,
Ou dans le fond d’un puits, dont la pierre est scellée ,
Cache-t-elle à nos yeux sa chaste nudité ?
Sur les grands monuments de la philosophie
Je pâlis, tu le sais, je consume ma vie,
Et je n’y vois, hélas ! que contradictions :
C’est un dédale obscur où mille opinions
Se croisent, sans qu’un fil dans la route me guide.
Perdu dans les détours de l’enceinte perfide,
Si je vois poindre au loin quelque faible lueur,
J’y vole, plein d’espoir ! cette clarté confuse
Peut-être est le flambeau de l’auguste recluse ?
J’arrive haletant et baigné de sueur,
Et toujours je rencontre au terme de ma route,
Non pas la Vérité, mais le démon du doute.
— Pour la trouver, mon fils, c’est qu’il n’est pas besoin
De faire tant d’efforts, ni de chercher si loin :
A l’homme simple et droit elle vient d’elle-même
Se présenter, tandis qu’elle échappe souvent
Aux méditations, aux calculs du savant,
Qui la poursuit en vain de système en système.
La vérité, vois-tu, c’est comme le bonheur :
Si tu veux la trouver, cherche-la dans ton cœur. »
“La recherche de la Vérité”