La République des animaux, ou la Taxe bien imaginée
Dans un certain coin de l’Afrique
Messieurs les animaux ayant bien consulté,
Formèrent une république
Où régna l’ordre et la tranquillité.
Tout s’y réglait avec poids et mesure.
Par je ne sais quelle aventure,
L’État républicain eut besoin de secours,
D’argent s’entend. Comme il visait toujours
Au bien public, on délibère
Sur la façon d’avoir ce subside important,
Sans trop engraisser le traitant.
—Messieurs, dit lors un bœuf consulté sur l’affaire,
Taxez les vices, les défauts
De nos seigneurs les animaux,
Et pour le mieux, qu’ils se jugent l’un l’autre.
Deux biens en naîtront sûrement,
Le profit de l’État, puis leur amendement,
— L’avis est bon. Voici le nôtre,
Dit un vieux renard : Écoutez,
Et pesez ce que je propose.
Taxez plutôt les belles qualités,
Et que chacun soit juge dans sa cause.
“La République des animaux, ou la Taxe bien imaginée”