Un beau jour de printemps, la jeune Éléonore
Descendit au jardin pour cueillir un bouquet :
Attirant ses regards, le jasmin et l’œillet
La rendaient incertaine encore
Bientôt elle aperçoit, dans le coin d’un bosquet
La rose qui venait d’éclore;
Un bouton, doux présent de Flore,
Par sa forme l’embellissait.
A ses pieds s’élevait une simple immortelle,
Son éclat était sa fraîcheur;
Moins vive que la rose et peut-être moins belle,
Elle plaisait par sa douceur.
Éléonore aussitôt vole
A l’endroit où ces fleurs croissaient paisiblement,
Et n’écoutant qu’un goût frivole,
Elle choisit la rose et s’en pare à l’instant.
Son attente fut bien trompée,
La rose lui plaisait d’abord,
Mais le soir elle était fanée,
L’immortelle était fraîche encor.
Jeunesse, imprudente jeunesse,
Tu préfères à la sagesse
Un faux éclat qui te séduit;
Apprends le sort qui te menace :
Il est un âge où la beauté s’efface,
Et la vertu jamais ne se détruit.
La Rose et l’Immortel, Mlle Homberg.