Tâche en tout d’agir prudemment.
Et consulte-toi longuement,
D’un faux pas ordinairement
On se tire mal aisément.
Une souris, cherchant quelque chose à gruger,
Voit au fond d’une souricière
Certain morceau de lard, dont l’odeur singulière
L’invite fort à le ronger.
La galante déjà le croque en sa pensée,
Bénit le ciel et se promet curée.
« Le friand morceau que voilà !
» Dit-elle, je voudrais savoir, quand il festine,
» Si là-haut Jupiter a meilleure cuisine :
» Quel dîner, quel festin je m’en vais faire là !
» Aussitôt la voilà qui dans la souricière
Se glisse, court au lard, commence à le ronger;
Un léger bruit l’engage à déloger,
La pauvrette veut fuir, mais elle est prisonnière.
De ceci quel enseignement
Peut-on tirer? c’est qu’ordinairement
Imprudence et sottise
Sont compagnes de gourmandise.
“La Souris”
- Joseph Hüe – 1800 – 1836