Le paon voulut un jour régner sur les oiseaux :
Si maîtresse Junon lui donna la couronne,
Et du plus riche des manteaux
Se plut à l’habiller.Tout fier de sa personne ,
II se panade aux yeux de ses rivaux ,
Ouvre sa vaste queue, avec pompe en étale
L’azur et le rubis, l’émeraude et l’opale ;
Les oiseaux en sont éblouis.
Chez eux, comme chez nous , par les yeux on est pris :
Merles, geais , étourneaux, chacun dans son langage ,
Criait : vive le Paon, allons lui rendre hommage.
A ces cris, de ses droits, se réveille jaloux
L’aigle que Jupiter porte sur ses genoux.
Eh quoi donc ! vainement j’aurais porté ton foudre;
A me laisser braver tu pourrais te résoudre !
0 puissant Jupiter! quels sont ces nouveaux droits?
Le plumage aux oiseaux doit-il donner des rois ?
Rassure-toi, lui dit le maître du tonnerre,
N’as-tu pas ton bec et ta serre ?.
“L’Aigle et le Paon”
- Alexandre Coupé de Saint-Donat- 1775-1845