D’une grotte riante en secret s’échappait,
Sur un sable argenté, source limpide et claire.
En murmurant elle coulait.
Et sous un berceau solitaire
Convertie en joli ruisseau,
Au sein d’une verte prairie,
Entre double rive fleurie,
Promenait lentement son eau.
Sur sa surface transparente
L’azur du ciel se répétait;
Le rayon du soleil jouait
En faisceau d’or sur son onde mouvante.
Près de son cours un jeune arbre planté
Croissait, étendait son feuillage,
Aux fauvettes du voisinage
Offrait un asile enchanté.
La source un jour lui dit :
«Ami cher et fidèle,
«Que je bénis ton tutélaire abri!
«Ton ombrage me rend plus belle;
«Sans toi mon sein serait tari.»
— «Oh ! je te dois bien davantage,»
En s’inclinant avec amour
Répondit l’arbrisseau; «tu nourris mon ombrage,
«Fécondes, rafraîchis ma sève chaque jour.»
Tels sont, douce amitié, ton but et la couronne.
Par toi nous devenons plus heureux et meilleurs;
Chacun jouit de ce qu’il donne;
L’échange des bienfaits récompense les cœurs.
“L’Arbre et la Source”