David Claude
Fabuliste contemporain – Le Canari, les autres Oiseaux et le Chat
Dès que le jour se levait,
Un canari sifflait sa mélancolie.
Pour les autres oiseaux, c’était litanie,
Un chant qui les énervait.
Après maintes remontrances,
Le serin criait encor sa souffrances,
Geignait haut jusqu’à la nuit.
Lassée, une pie s’enfuit.
Un merle dit qu’on le jette dans un puits.
« Qu’on lui cloue le bec ! Il nuit
A mon bon sommeil ! tempêta un corbeau.
– Change de disque ! s’écria un moineau.
– Qu’importe la chanson, intervint un bruant
D’un ton laissant apparaître sa tendresse,
Pourvu que l’on en ressente la détresse. »
Tous les oiseaux se taisèrent, seul le chant
Se faisait toujours entendre.
Notre pauvre canari
Ne se mit point à l’abri
Et par le chat ennemi se fit surprendre.
Bien calme fut le début de la nuit.
Les habitants de la cime,
Ravis de ce crime,
Ne furent plus dérangés par aucun bruit.
Chacun à ses petits malheurs
Mais nous préférons parler des nôtres
Plutôt que d’écouter ceux des autres :
Cela dévoile nos grands cœurs
David Claude