Un maladroit vaurien
Ecrasa la patte d’un chien,
Qui lui fit aux mollets une légère entaille,
Et s’enfuit secouant son membre endommagé.
Tout aussitôt notre franche canaille
Pousse des cris affreux : — Sus au chien enragé !
Alors, et sans aucune enquête,
Chacun poursuit la pauvre bête,
Qui succombe sous le bâton
Par le fait de ce polisson.
Lecteur, contre la calomnie
Tout effort est-il impuissant ?
L’homme innocent
Doit-il voir tout à coup ternie,
Sous un souffle ou par un seul mot
D’un fou, d’un méchant ou d’un sot,
La réputation la plus irréprochable ?
La tache de l’envie est-elle ineffaçable ?
“Le Chien condamné”