Du Nil un chien suivait le bord,
Et craignait d’éprouver le sort
Auquel expose un crocodile ;
Il n’osait boire qu’en tremblant
Dans le courant;
Lorsqu’un monstre hideux, d’une façon civile,
Lui dit : « D’un ami j’ai besoin :
Attends, mon cher, que je te fasse fête, »
Il s’approchait, levant la tête;
Mais le chien s’enfuyant lui répondit de loin :
« Je ne puis m’arrêter, je cours pour une affaire
Jusqu’à la ville de Memphis. »
Il courut et fit bien; car le plus nécessaire,
Avant de chercher des amis,
Etait, pour lui, d’abord de fuir la compagnie
D’un monstre qui voulait le priver de la vie.
Des méchants, croyez-moi, fuyez l’intimité,
Il n’advient que malheur en leur société.
Il n’est de bonne connaissance
Que celle due à la prudence.
“Le Chien et le Crocodile”