Le cimeterre, un jour,
Bat avec le tambour
Une grande querelle.
Celui-ci, d’orgueil enivré,
Faisait à l’autre un long narré
De tous les combats où son zèle
S’était autrefois signalé.
« Grands dieux! s’écriait-il, que ma gloire est extrême
Tout m’obéit, les héros même:
Ne parlent que quand j’ai parlé.
Dans la lice de Mars vit-on foudre de guerre
Plus courageux que moi? Jamais je n’ai tremblé;
De cent coups cependant je me suis vu criblé.
— Fort bien, lui dit son adversaire,
Rien n’égale votre valeur ;
Vous êtes des guerriers le modèle et la fleur.
Mais enfin, dites-moi, beau rival du tonnerre,
Combien votre courage en a couché par terre ?
De vos brillants travaux quel est donc le produit ?
Du fracas, rien de plus ; tout votre beau langage,
Dénué de faits et sans fruit.
Monsieur le fanfaron, est un sûr témoignage
Que ceux qui font le plus de bruit
Ne sont pas toujours ceux qui font le plus d’ouvrage.»
“Le Cimetière et le Tambour”