Denis Charles Henri Gauldrée-Boileau
Un coq fut pris par des voleurs,
Farouche et sanguinaire engeance
Qui voulut aussitôt lui ravir l’existence.
Ainsi parla le coq, pour attendrir des cœurs
Fermés à tous remords, et sourds à la clémence:
» Je suis utile , et ne fais point de mal ;
» Ne tranchez pas ma destinée,
» N’imposez pas silence à mon chant matinal ;
» Songez que les humains n’ont pas d’autre signal
» Pour le travail de la journée. »
« Malheureux, lui dit-on, tu n’aurais que ce tort
» Que lu serais digne de mort !
» Nous maudissons chaque jour ton ramage.
» Vas chanter dès l’aurore au ténébreux rivage ;
» Empêche, si tu veux, Pluton de sommeiller,
» Et laisse-nous le loisir de voler. »
Le coq périt, en s’avouant peu sage
D’avoir auprès de ces brigands
Usé d’un semblable langage.
Qui plaît aux bons, ne peut en même temps
Se flatter de plaire aux méchants.
“le Coq et les Voleurs”